Éden (PV)

Je me suis levée ce matin avec pour idée de respirer le parfum des fleurs…Le dos droit, les cheveux beaux, coiffés et doux et mon regard brillant de pureté et de perfection. Je porte aussi mes bracelets d’émeraudes que j’affectionne.

Et me voilà dans mon petit paradis…Ce paradis que je partage dans ma grande bonté à qui veut bien.

Lys, marguerites, vanilles, tulipes, lilas et bien d’autres…Bientôt pousserons aussi des plantes bien plus belles, et bien plus rares.

Je suis tombée amoureuse de ce « jardin » qui était autrefois à l’abandon. Il n’y poussait plus grand chose avant que j’y mettes mon grain de sel.

Aujourd’hui, il est beau, il est merveilleux et noyé sous les fleurs. Mais, il n’y a pas que ça. L’herbe est d’un vert parfait. La mauvaise herbe est inexistante. Les cerisiers sont magnifiques et le saule est majestueux. Ce n’est plus un simple jardin depuis que j’en ai pris la charge, c’est un jardin d’Éden. J’ai demandé aussi à ceux qui travaillent pour moi de mettre un chemin de pierres pour qu’on puisse traverser l’endroit sans altéré la pelouze.

Je laisse bien sûr à tous la liberté d’admirer mon œuvre splendide car je n’ai pas rendu le jardin privé. Tout le monde est libre d’y sentir ce parfum…

En cette magnifique journée, je ne m’étonne pas de croiser plusieurs passants…Je leur souris avec une douceur arrogante mais…Mais, il me semble qu’ils sont bien peu malgré tout. Le soleil brille, le jardin est resplendissant et, ici, je suis prête à penser qu’ils sont à peu prêt à l’abri de mon insupportable famille. Mais, ils ne sont pas des masses. Bientôt, ils se rendront compte que l’Orgueil est la seule chose qui importe…L’Orgueil, avec tout ce qui vient avec. La gloire, la beauté, l’intelligence, l’audace, le respect, la réussite, la prospérité…

Je me rappelle bien de quoi avait l’air mon jardin. C’était hideux. Mais, à travers la ville, il n’y a pas que l’ancien état de ce petit paradis que j’ai confectionné qui a flétri. Bien d’autres jardins, parcs, cimetières et ainsi de suite sont laissés en un aspect horrible.

Et ça, tout ça, c’est la faute de mes frères et sœurs.

Ils rendent les gens cinglés, irrespectueux et irresponsables. Imparfaits. Si j’étais Anger, j’aurais des envies de massacre mais ce n’est pas le cas alors je préfère continué à marcher dans ce jardin. Si c’était de moi, toute la ville serait à mon image, à celle de ce jardin…Et tout, tout Gloria serait un morceaux de paradis sur cette terre. Ce serait tellement beau, tellement doux…

Mais, quand j’y pense…S’ils accepteraient finalement de me laisser la ville…Je la rendrais forte et superbe…Mais, ils ne veulent pas me laisser faire. Et voyez comment ils transforment la ville à tord et à travers.

Lust avec son bordel. C’est complètement inapproprié et déshonorant! Greed avec son horrible tour qui gâche la vue qu’on a du ciel. Anger, ce n’est même pas la peine d’en parler. Elle tâche la ville de sang. Elle n’a aucune classe. Sloth…Sloth est l’insignifiance personnifiée. Gluttonny, si je veux bien admettre que je n’ai pas grand chose à reprocher à ses restaurants, ceux-ci inondent quand même Gloria de façon inutile. Tout ce qu’il fait, c’est d’engraisser les faibles d’esprit qui accepte de le suivre. Et Envy…Envy…Cet idiot…

…D’ailleurs, quand on parle du loup…

Me lever le matin ne m’était pas arrivé depuis quelques temps ; j’ai eu un mal fou à me remettre du décalage horaire, et en plus j’ai fait des insomnies. Mais là, je crois que c’est passé, et j’ai réussi à émerger de mon lit à neuf heures. Le temps de virer l’autre personne qui squattait mon pieu, de me doucher et de retrouver mes affaires dans le bordel de la chambre, je suis sorti me promener.
Peut-être bien que je cherche mes frères et sœurs, histoire d’aller les énerver, leur taper sur les nerfs, et voir comment ils vont. Oh je pense que nous sommes pires que de la mauvaise herbe et qu’il y a peu de choses qui peuvent nous foutre par terre… En tous cas, moi, je suis comme ça. J’allume une cigarette une fois arrivé dehors, et je pars au hasard dans les rues – je n’ai pas vraiment de but, j’arpente et je visite ce qui va devenir mon fief.
Oui, je dis déjà mon fief, parce que je suis persuadé que je suis le plus têtu d’entre tous, et que s’il y en a bien un qui va s’enferrer dans sa détermination jusqu’à ce qu’il ait eu ce qu’il veut, c’est moi. Bref, je suis persuadé de pouvoir tous les battre sur ce plan-là, et j’en retire une assurance tranquille.

Un jardin attire mon regard, et j’y entre, sans grande conviction – et sans éteindre ma cigarette, les plantes ne chopent le cancer des poumons aux dernières nouvelles. Le jardin est assez… bizarre. Tout est organisé de manière très fouillis – je sais même pas pourquoi je parle d’organisation – c’est luxuriant mais… Je ne sais pas trop comment exprimer ce sentiment étrange à la vue de ce jardin. C’est comme si la personne qui s’en occupait avait une vision magnifiée des plantes et qu’elle les mettait au-dessus de leur condition et beauté réelle.
Je m’accoude à une rambarde en tirant lentement sur ma clope, d’un geste profond de fumeur habitué qui prend plaisir au tabac. Mes yeux s’égarent sur un parterre de roses devant moi, que je toise dédaigneusement avec une petite moue. J’ai jamais trop aimé les fleurs. Peut-être en cadeau mais ça fait un peu gonzesse de recevoir ça… Ouais, non, décidé, j’aime pas les fleurs.
Je rabaisse un peu sur mes yeux la visière de ma casquette aux motifs léopard. Aujourd’hui, j’ai mis les fringues qui me sont tombées sous la main quand j’ai voulu m’habiller, à savoir un jeans droit déchiré et flanqué de traces de peinture et de javel, un t-shirt très décolleté imprimé de petits packman, et un pull moulant bleu sombre. Un chèche lâchement enroulé autour de mon cou masque un peu le décolleté, une paire de doc martens ( volée il y a bien longtemps ), et ma casquette fétiche parachève l’œuvre. Je crois même que le pull n’est pas à moi mais au mec qui a passé la nuit avec moi. ( Oui c’était un mec, et alors ? )
Une promeneuse qui s’avance vers moi attire mon regard, et je me redresse un peu en reconnaissant Pride, un sourire ironique étirant mes lèvres.

« J’aurais dû deviner que ce jardin était de ton fait… Qui d’autre ? »

Effectivement, c’est tout à fait dans le style de Pride de croire cet endroit beaucoup plus beau qu’il ne l’est réellement. Je la toise des pieds à la tête d’une façon qui doit lui sembler extrêmement désagréable – je sais qu’elle est très sensible à ça, et j’aime bien l’énerver sur le sujet – et j’hausse des épaules en tirant sur ma clope. Commentant ensuite :

« T’as mauvaise mine, t’as pas assez dormi ? »

En réalité, je dois bien admettre que ma sœur est belle. Bon, ok, belle dans un genre très particulier, mais elle l’est. Mais comme je sais qu’elle va mal le prendre, j’ai pas pu m’empêcher de dire ça… Oui je sais je suis un horrible frère – mais elle le mérite.

Est-ce que cette…Chose…Est vraiment mon frère? Je m’approche de lui. Si mon pas est toujours aussi gracieux…Je ne peux m’empêcher de le regarder avec un air sidéré. J’ai dû mal à le reconnaître avec cette…Tenue. Non…Accoutrement serait plus approprié. Lui, il ne m’a pas encore vu semble-t-il. En ce qui le concerne, il est dure à rater. Un peu plus, et il gâcherait concrètement le paysage. Abominable!

Il lève enfin les yeux tandis que je continue à le dévisager. Il me sourit. De l’ironie. Ce qui veut dire que dans les deux prochaines secondes, il va proférer une méchanceté juste pour m’agacer. Il est trop prévisible. Je reprends alors mon air et ma douceur habituelle.

« J’aurais dû deviner que ce jardin était de ton fait… Qui d’autre ? »

Bien que je sais que cette remarque ne se voulait probablement pas sympathique, je souris d’un air entendu. Effectivement, ça n’aurait certainement pas été lui ou quelconque autre personne de notre famille qui aurait pu faire un tel chef d’œuvre.

Il me dévisage à son tour…Son regard allant de haut en bas…Et il a un de ses airs! Il sait que je déteste ça. Ça l’amuse. Mesquin. Dans mon éternel patiente, chose qu’aucun d’eux n’aura jamais, je croise les bras et attend qu’il finisse son numéro.

Non seulement il est vêtu comme un clown…Je remarque aussi la clope qu’il a entre les lèves. Une mauvaise habitude qu’il a pris de Greed certainement! Ne cessera-t-il jamais de vivre dans l’ombre de chacun de nous? Envy, tu me désespères à un point où j’ai même pitié de toi…Ça me chagrinerait presque.

« T’as mauvaise mine, t’as pas assez dormi ? »

Si j’aurais été encore plus féline, mes cheveux se seraient probablement hérissé sur ma tête avec cette réplique! Pour qui il se prend? S’est-il au moins regardé? Je bouillonne intérieurement. Non, calme-toi. Ne fais pas ta Anger. Il dit ça seulement pour t’embêter. Tu es très bien, tu le sais et il le sait.

-Je ne crois pas que tu sois très bien placer pour dire une chose pareille. D’ailleurs, Si tu es venu ici pour m’insulter, trouves au moins un affront crédible.

Je souris. Qu’il cherche une insulte plausible à me dire…Je suis parfaite! Et en tout point…

Je le regarde à mon tour de haut en bas, reprenant mon air choqué.

-Mais que t’est-il arrivé pour être vêtu de la sorte!?